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La République de Djibouti, carrefour des puissances rivales et des enjeux mondiaux

  • par Jean-Baptiste Dubois
  • 20 oct., 2021

Propos introductif


 Au-delà du fait que Djibouti se situe sur le continent africain, ce pays mérite d'être abordé dans le cadre d'une analyse sur le monde arabe. En effet, les divers enjeux qui se jouent autour de ce territoire méritent une attention toute particulière pour comprendre une partie des dynamiques politiques actuelles dans le monde arabe. 

À ce titre, l’ambition djiboutienne de siéger au sein du conseil de sécurité de l’ONU, pour 2021-2022, témoigne de la volonté de son gouvernement de s’imposer sur la scène internationale et d'y représenter une voix africaine. Cette ambition s’inscrit dans le jeu de puissance qui s'opère au sein de ce territoire, mais avant d’aller plus loin dans les explications sur les motivations animant les dynamiques de ce pays, il convient d’apporter quelques éléments de définition et de contexte.

Tout d’abord, sur le volet géographique, Djibouti a une superficie de 23 200 km². En comparaison, celle de la France est de 643 801 km. Les villes principales de Djibouti sont Ali Sabieh, Dikhil, Arta, Tadjoura et Djibouti qui est la capitale du pays. Les langues officielles sont le français et l’arabe. La devise est le franc djiboutien (1€ = 208 FD, en 2018). Djibouti recense une population de 1 000 000 d’habitants en 2017 selon la Banque mondiale. Elle enregistre une croissance démographique de +1,6%/an. Un peu plus de la moitié de la population est alphabétisée (54,5% en 2015) et la religion majoritaire est l’Islam (96% du pays selon France Diplomatie). Avec son PIB de 1,97 milliard de US$, Djibouti se place au rang de la 49e puissance économique du continent africain sur 54.

Toutefois, Djibouti présente un intérêt des plus stratégiques, à savoir, sa position sur le détroit de Bab-el-Mandeb, un des corridors les plus fréquentés au monde qui contrôle l’accès à la Mer rouge. De surcroît, Djibouti est situé au cœur de l’arc de crise qui s’étend du Sahel au Moyen-Orient. Ses nombreuses crises régionales démontrent l’instabilité de la péninsule, d’où un certain engouement des puissances étrangères à intervenir en son sein.

Mais est-ce vraiment la raison primordiale ? Ces puissances étrangères sont-elles réellement motivées par la volonté de stabiliser cet État et sa région ? Ou bien ces interventions et cette présence extérieure attestent seulement d’une volonté de contrôler et de servir au mieux des intérêts qui façonnent le jeu des États ? Djibouti, au fond, ne serait-elle pas qu’une pièce maîtresse dans la conception prochaine du Moyen-Orient et du Sahel ?

Bien que ces interrogations soulèvent des questions fondamentales voire propices à des débats animés, il est nécessaire d’apporter des éléments historiques (I) dans le but d’identifier les raisons pour lesquelles les puissances extérieures agissent en son sein (II) qui viendront façonner un futur plus ou moins incertain pour la République de Djibouti et pour le Moyen-Orient (III).

Représentation géographique de Djibouti

Histoire de Djibouti


 Djibouti, officiellement la République de Djibouti, est un pays situé dans la corne de l’Afrique. À sa frontière sud se situe la Somalie, l’Ethiopie au Sud-Ouest, l’Erythrée au Nord et le Golfe d’Aden avec la Mer rouge à l’Est. Elle est peuplée majoritairement d’Afars et de Somalis. Durant l’antiquité, elle faisait partie du Pays de Pount qui était un site d’échanges et de négoces qui se situerait sur la côte africaine de la Mer rouge. L’usage du conditionnel n’est pas anodin ; les frontières de ce Pays de Pount ne sont pas encore clairement définies et ne font pas l’objet d’un consensus. 

En revanche, il est clair que ce territoire regroupait en son sein ce que représentent aujourd’hui Djibouti et la Somalie. Cette observation montre des liens antiques qui relient ces deux pays, leur faisant partager une histoire commune et ancienne. Dans cette même idée de passé commun entre ces deux territoires, la Côte française des Somalis, connue également sous le nom de Somalie française, relève aussi d’un tel constat. Cette entité doit son apparition après la volonté des Issas (une branche des Somalis) de signer un protectorat pour se défendre des attaques extérieures, celui-ci étant signé en 1885. En outre, le protectorat garantissait la souveraineté du territoire. 

L’élément qui est venu bouleverser la situation survient suite à l’incident avec les marins du navire Le Pingouin, où ces derniers ont été mystérieusement tués. Les français ont utilisé cet acte comme appui pour conquérir l’ensemble du territoire. Par la suite, en 1967, la Somalie française a été renommée "Le Territoire français des Afars et des Issas", puis, dix ans plus tard, l’indépendance est votée et qui marque l’avènement de la République de Djibouti. La même année, Djibouti rejoint l’Organisation des Nations Unies.  

Bien que ces éléments historiques soient assez généraux et peuvent manquer de précision, l’objet de cette partie était de démontrer que l’histoire de Djibouti partage des éléments communs avec ses pays voisins. Même dans la création de sa République, elle puise des influences de puissance étrangère. Naturellement, cela traduit une complexité inhérente par rapport à la fondation même de ce pays. Sa position stratégique ne laisse pas indifférente les puissances étrangères et est propice à de nombreux enjeux voire de tensions.


D’où l’intérêt désormais de s’intéresser à la question des puissances étrangères qui agissent au sein de ce territoire, de démontrer quelles sont leurs motivations et les enjeux que ces présences soulèvent.


Les présences chinoise et américaine à Djibouti


 Abordons en premier lieu le cas de la présence chinoise. La République de Djibouti présente des difficultés économiques majeures. En effet, elle est handicapée par le manque de ressources en eau, d’une insécurité alimentaire, d’un déficit énergétique, d’une faiblesse des institutions et par l’absence de diversification économique. Cependant, dans le but d’exploiter la ressource majeure qu’est sa position stratégique par rapport au détroit de Bab-el-Mandeb, le gouvernement djiboutien souhaite développer les projets portuaires ou encore la construction de voies ferroviaires. Djibouti souhaite, d’une certaine façon, s’imposer comme carrefour commercial. Là où la Chine intervient, c’est qu’elle finance la majeure partie de ces projets, ce qui amène à un risque de surendettement très important. Lors d’une récente visite à Pékin, le président djiboutien Ismail Omar Guelleh a partagé son constat sur la lourdeur du prêt chinois par rapport au financement de la construction d’une voie ferroviaire reliant Djibouti et Addis-Abeba. Il a également fait part de ses inquiétudes sur le temps nécessaire pour parvenir à rentabiliser cette ligne ferroviaire. Il convient de s’interroger sur les décisions du gouvernement chinois si ce projet ne parvient pas à rentabiliser le prêt octroyé ou encore si Djibouti ne parvient pas à rembourser ce crédit.


Inauguration de la base militaire chinoise à Djibouti

 Par ailleurs, cette présence chinoise à Djibouti rencontre également celle américaine. Des tensions apparaissent depuis juillet 2017 suite à l’installation de la base logistique de l’armée chinoise à Djibouti. Ce faisant, la Chine inaugure sa première base militaire à l’étranger. Cette tension est d’autant plus marquante car le ministère américain de la Défense avait considéré que cette base chinoise « reflète et amplifie l’influence croissante de la Chine », accusation réfutée par Pékin qui souhaite juste contribuer à l’équilibre régional. Cette dimension compétitive à l’égard du contrôle stratégique de cette région se reflète avec la présence du Camp Lemonnier, auparavant base de la Légion Étrangère qui a été vendue aux Etats-Unis, qui est l’une des bases étrangères les plus vastes et importantes du Pentagone. La base militaire chinoise, située à proximité du Camp Lemonnier, offre la possibilité d’assister aux opérations militaires effectuées par les Etats-Unis dans la péninsule arabique et en Afrique du Nord.

Ce rapprochement entre la Chine et Djibouti vient questionner l’alliance de Djibouti et des Etats-Unis, dont la position stratégique permettait aux Etats-Unis d’entreprendre des activités militaires majeures sans encombre. Néanmoins, il convient de se demander si cette déclaration des Etats-Unis a-t-elle un véritable fond, compte tenu de l’importance qu’elle accorde à sa base djiboutienne. De fait, le Camp Lemonnier est la seule installation militaire permanente des Etats-Unis en Afrique.


La présence saoudienne à Djibouti

Cette dualité d’intérêts se dessine également par la récente prise de contact de l’Arabie-Saoudite avec Djibouti. Ce dualisme d’intérêts qui s’effectue avec l’Arabie Saoudite à l’égard des Etats-Unis et de la Chine mériterait un article consacré à ce sujet. Ici, il s’agit de s’intéresser à la façon par laquelle les intérêts de l’Arabie Saoudite à propos de Djibouti rencontrent ceux des autres puissances étrangères.

Alors que l’Arabie Saoudite trouve un soutien avec les États-Unis pour l’intervention au Yémen, Romain Aby, fondateur du conseil en géopolitique Rumi Consulting, explique que le régime saoudien a une volonté de trouver des alternatives aux Etats-Unis. Cette alternative réside chez les Chinois, comme en témoigne la signature du partenariat stratégique global en 2016, lors de la visite de Xi Jinping en Arabie Saoudite. Ils ont développé, au cours de la dernière décennie, leurs relations économiques, politiques et dans une certaine mesure, militaires. Il faut relever que l’Arabie saoudite est le dernier pays arabe à avoir officialisé ses relations diplomatiques avec la Chine, au début des années 1990, ce qui n’a pas empêché l'affirmation de la Chine comme le premier partenaire commercial de Riyad. 

C’est dans ce cadre que s’inscrit l’accord de coopération dans le domaine du commerce et des investissements entre Djibouti et le régime saoudien en 2020. Cet accord a pour objectif de développer le commerce et les échanges entre ces deux pays. Par cet accord, cela permettrait à l’Arabie saoudite de consolider et de renforcer les investissements saoudiens en Afrique, notamment à Djibouti. De cette façon, Djibouti sert d’appui au régime saoudien pour rentrer dans le jeu des grande puissances en Afrique afin de renforcer son influence et ses prises de positions.

L’Arabie saoudite souhaite ainsi placer son influence à Djibouti avec la construction de mosquées, de madrasas (écoles religieuses sunnite) voire par des actions caritatives. La population djiboutienne étant majoritairement musulmane, l’Arabie saoudite utilise sa diplomatie religieuse comme de socle aux relations entretenues avec la République de Djibouti. En entretenant des relations avec l’Arabie Saoudite, Djibouti pourrait s’émanciper de l’influence chinoise en bénéficiant d’investissements saoudiens. Cette présence saoudienne traduit le profond intérêt des pays du Golfe à sécuriser cette province instable pour mettre en avant leurs visées et leurs objectifs dans le but d’affermir leur influence dans la zone.


Les présences russe et japonaise à Djibouti


Les intérêts se croisent d'autant plus avec la proposition du gouvernement de Djibouti à Moscou de développer les investissements dans le domaine du tourisme. Djibouti se montre ouvert à la venue d’investisseurs et d’entrepreneurs russes pour qu’ils « investissent dans le pays » pour reprendre les mots de Ilyas Moussa Dawaleh, ministre de l’économie et des finances djiboutien. La République de Djibouti a conscience de ses atouts et de son rôle stratégique et souhaite faire venir les investissements des autres pays afin de s’enrichir. 

Cependant, cela pose la question des intérêts convergents des pays, ce qui peut conduire à d’éventuelles tensions.  À ce titre, compte tenu des difficultés de dialogue entre la Russie et le Japon, qui tentent « de faire la paix » pour reprendre les termes de l’article de La Croix, la présence d’investissements russes et japonais peuvent susciter des interrogations. Le Japon a depuis 2011 une base militaire à Djibouti. En outre, les relations du Japon avec Djibouti sont qualifiées de « relation de fraternité, du cœur » selon Koji Yonetani, ambassadeur du Japon à Djibouti. Si les russes viennent à exercer une certaine influence à Djibouti, il convient de s’interroger sur la réaction du Japon à cet égard et les conséquences qui peuvent en découler.


La présence turque à Djibouti


La Turquie en lançant la construction de la plus grande mosquée de Djibouti, qui a ouvert ses portes en 2019, montre sa volonté de s'affirmer en tant que partenaire de confiance avec le gouvernement djiboutien. Par cet évènement, l’objectif était de renforcer les liens entre ces deux pays et de marquer ce désir de coopération par la construction d’un monument religieux, cher à la Nation djiboutienne, qui est la plus grande mosquée de l’Afrique de l’Est. Cela s’inscrit dans la dynamique de l’établissement de liens entre la Turquie et Djibouti depuis le début du siècle, que ça soit par la création de vols directs entre les deux pays depuis 2012 ou encore par les nombreux projets d’aide au développement entrepris par l’Agence turque de coopération et de coordination en inaugurant en 2012 un bureau dans le pays. Recep Tayyip Erdogan ambitionne, en développant la coopération entre les deux pays, de faire de Djibouti la porte d’entrée turque privilégiée vers le continent africain.


Photographie de la mosquée financée par l'Etat turc à Djibouti


La présence française à Djibouti


 Alors que les États-Unis ont à Djibouti une base militaire des plus importantes en Afrique, la France détient la plus grande base militaire à l’étranger dans les eaux territoriales de Djibouti, dans la mer Rouge. La République de Djibouti et la France entretiennent des relations privilégiées, comme l’illustre la formation des magistrats djiboutiens par Jean-Olivier Viout, membre sortant du conseil supérieur de la magistrature. De la même façon, la France et Djibouti maintiennent des accords militaires et économiques qui garantissent une assistance aussi bien financière que commerciale.

Toutefois, l’influence de la France recule au profit de la Chine. Cela s’illustre par la visite d’Emmanuel Macron à Djibouti en mars 2019, où la nécessité de renouer des liens se fait voir. La France considère l'objectif de retrouver l'éclat des relations d'antan comme étant essentiel. 

La diplomatie djiboutienne reproche le manque d’investissements français durant ces dernières années alors que le pays en avait besoin. De surcroît, le passé colonial est toujours présent et cela peut conduire à un certain froid dans les relations bilatérales entre la France et Djibouti. Néanmoins, la France n’envisage pas de perdre sa présence et son influence dans la région. Cela s'illustre par l’affirmation de E.Macron expliquant que la France est un « possible contrepoids » à la Chine en Afrique de l’Est.

La dernière altercation diplomatique entre la Turquie et la Grèce, où la France est intervenue en faveur de cette dernière avec le déploiement de Rafale en mer Méditerranée vient poser la question des influences turques et françaises à Djibouti. Comme il y a un refroidissement certain entre la France et Djibouti et que le passé colonial pèse, la Turquie parvient à s’imposer comme un allié avec la mise en place de projets de développement ou encore par la construction d’une immense moquée.

Il en convient d’arriver à l'idée que la France perd son influence au profit de la Chine, mais que son influence se détériore également par les liens que tissent d’autres puissances étrangères avec Djibouti. Ceci pose la question de la présence et de la souveraineté française au sein de cette région, remettant en question des siècles de présence.


Quel futur pour Djibouti ?


 En se référant à ce qui a été dit précédemment, il est clairement visible d’observer que les intérêts concordent, pour ne pas dire qu’ils s’entrechoquent, entre les différentes puissances étrangères qui placent leurs pions à Djibouti. La présence de puissances plus ou moins concurrentes vient poser des interrogations sur le rôle futur de Djibouti aussi bien sur la scène régionale qu'internationale. Djibouti s’imposerait ici, au regard des actions de ces États, comme décisif quant à l’avenir du Moyen-Orient et du Sahel.

En dépit des difficultés liées au développement économique voire aux enjeux sécuritaires de la région, le pays parvient tout de même à saisir des éléments pour s’affirmer au niveau commercial ainsi qu’au niveau régional. Ces éléments se confirment par l’officialisation du fonds souverain de Djibouti par le président Guelleh, le but de ce fond est de transformer l’économie nationale, d’accélérer le développement mais aussi de positionner Djibouti dans l’échelle mondiale de l’économie. 

Par ailleurs, l’installation portuaire de massive de 580 millions de dollars, inaugurée en 2017, est amenée à changer le visage économique du pays. Ce nouveau port, dont l’efficacité stratégique se trouve par sa position géographique, se distingue par sa taille et par sa capacité à traiter près de 9 millions de tonnes de marchandises par an. L’avènement de cette zone portuaire sera un poumon économique pour les deux tiers de la population totale du pays. Le programme « Vision 2035 » instauré par Djibouti, vise à faire de cet Etat une plateforme logistique et économique d’ampleur aussi bien au niveau régional qu’au niveau international.

La dette à l’égard de la Chine et la multiplicité des acteurs présents en son sein remettent en perspective les ambitions de cet État. La Chine, détentrice de 60% des dettes de Djibouti, utilisera-t-elle ce moyen comme un levier pour faire appliquer sa politique ou pour faire avancer ses pions dans l’échiquier géant des routes de la Soie ? Djibouti tire des rentes par la présence des bases militaires étrangères, cependant, si la région était amenée à s’embraser, quel rôle auraient ces bases ? Est-ce que ces pays qui se montrent solidaires et soucieux sur le développement de Djibouti ne voient-ils pas, au fond, seulement leurs propres intérêts ? Ces questions sont propices à des débats et à des vives interrogations. Les solutions sont incertaines et le futur de cette région n’est pas encore joué. 

Penser le futur de Djibouti, c’est réfléchir à l'avenir des rapports internationaux.




Bibliographie

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https://afrique.latribune.fr/economie/strategies/2020-09-16/djibouti-un-fonds-souverain-pour-progresser-dans-la-chaine-de-valeur-mondiale-857395.html

https://www.voyages-d-affaires.com/nouveau-port-djibouti-20191219.html

https://www.jeuneafrique.com/1008076/economie/ce-quil-faut-retenir-du-nouveau-fonds-souverain-de-djibouti/

https://www.lefigaro.fr/conjoncture/les-grandes-ambitions-de-djibouti-20200101



par Eva Beauvois 22 mars, 2022
 La religion musulmane, qui regroupe près d’un milliard et demi de fidèles, repose sur plusieurs dimensions touchant l’Homme au sein de sa société et de son époque : les dimensions théologiques et juridiques. Néanmoins, il existe une dimension de l’Islam qui permet, et incite, l’individu au détachement de son environnement pour se recentrer sur sa seule unicité avec Dieu : la dimension spirituelle, notamment matérialisée par la philosophie du soufisme. L’étymologie du terme, apparu vers la fin du IIe siècle de l’hégire, reste obscure. C’est notamment sur le mot sūfī qu’est formé en arabe tasawwuf (تصوّف) , littéralement « l’adoption des valeurs et des rites soufis », que le français a traduit par « soufisme ». De façon générale, il est néanmoins possible de le caractériser comme la recherche de la sagesse intérieure, visant à se rapprocher de façon évolutive de Dieu par de nobles vertus. La présentation de ce travail idéologique d’espérance du meilleur sera l’objet de cet article.
par Jâd Delozanne 08 mars, 2022
L'art de l'Espagne islamique est un fantasme orientaliste depuis que Washington Irving l'a redécouvert pour le monde occidental dans ses délicieux Contes de l'Alhambra, écrits en 1832. Mais la citadelle et le palais du XIIIe siècle, situés au sommet d'une colline surplombant Grenade, sont non seulement les monuments les plus connus de l'ère musulmane en Espagne, mais aussi les plus grands trésors de cette période. Les Omeyyades, ou Umayyades, (en arabe : الأمــــویــــون sont une dynastie arabe qui gouverne le monde musulman de 661 à 750 puis al-ʾAndalus de 756 à 1031. Ils tiennent leur nom de leur ancêtre ʾUmayyah ibn ʿAbd Šams, grand-oncle du prophète Mahomet. Ils font partie des clans les plus puissants de la tribu de Qurayš, qui domine la Mecque. Al-Andalus était la partie de la péninsule ibérique sous domination musulmane. La péninsule ibérique désigne l'Espagne et le Portugal actuels. Dans sa plus grande extension géographique, Al-Andalus a placé sous son califat la majeure partie de la péninsule, l'actuel sud de la France et les cols alpins reliant l'Italie à l'Europe occidentale. Les musulmans ont régné sur la majeure partie de la péninsule jusqu'à la fin de la dynastie des Omeyyades au début du 11e siècle.
par Julien Groux 08 févr., 2022

 Considérées individuellement, les économies nationales ne semblent pas avoir été affectées de la même manière par la récession économique liée à la crise sanitaire. Celle-ci a montré les forces et les faiblesses, les capacités d’adaptation et de résilience, révélé les particularités de chaque économie. La crise est un moment où tout bascule, où apparaît un dysfonctionnement majeur. Si elle peut être une période de troubles, la crise peut aussi être un kaïros, un moment à saisir pour savoir et comprendre. Parce qu’elle révèle le réel , elle est une occasion formidable de s’interroger sur le fonctionnement d’une société. Pour dire simplement comme le fait le philosophe Charles Pépin, « c’est quand cela ne marche pas que nous nous demandons comment cela marche ». Ainsi, la crise sanitaire en ce qu’elle expose les singularités propres à chaque système économique conduit ici à s’intéresser, à travers la finance islamique, à la relation qu’il existe entre religion, notamment l’Islam, le droit et l’économie.

Alors que l’Islam était pour Max Weber un obstacle au développement économique, la finance islamique est aujourd’hui en plein essor. Relativement récente, elle a pour point de départ la création de la Banque islamique du développement en 1974 qui fait la promotion du développement économique dans les pays musulmans. Les banques occidentales s’intéressent à la finance islamique qui, bien que s’adressant en priorité aux musulmans reste ouverte sur le monde. La finance islamique passionne par son appartenance à une industrie financière éthique remise en lumière par la crise des subprimes de 2008. Les principes religieux s’inscrivent dans le droit qui régule l’activité bancaire islamique.

par Sofia Locquet 01 févr., 2022
En 1854, un diplomate français, Ferdinand de Lesseps, obtient l’autorisation de la part du khédive Mohammed Saïd de creuser et d’exploiter le canal maritime de Suez pendant 99 ans. Ce firman ouvre la voie à la création de la Compagnie de Suez, concession qui illustre l’intervention des puissances européennes en Égypte. Reliant la Mer Méditerranée et la Mer rouge, situé entre l’Europe et l’Asie, le canal est un lieu géostratégique majeur qui va servir à la fois les intérêts régionaux et commerciaux de l’Égypte ottomane et l’impérialisme européen.
par Eva Beauvois 07 déc., 2021

La culture marocaine s’exporte de plus en plus grâce à la mondialisation et ses relais, tels qu’internet et les médias. Le roi Mohammed VI a par ailleurs proposé depuis le début de son règne une politique étrangère fondée sur le libre-échange des biens, services et arts ainsi que sur le dialogue avec nombre de pays européens. Cette ouverture progressive tend à favoriser toutes les couches de la société marocaine ainsi que ses manifestations artistiques, comme celle qu’est le rap.

Cette évolution du rap marocain profite à l’entièreté du monde arabophone et à son économie. Elle se justifie par la véritable ascension d’une unité artistique puissance. Néanmoins, les premiers acteurs de cette puissance, les artistes, font face à certains obstacles politiques et institutionnels censurant leur art ou leur empêchant de gagner décemment leur vie. Fort heureusement, les supports médiatiques et leur source inépuisable de créativité permettent aux artistes marocains de faire porter leur art le plus loin possible et aux oreilles des plus chanceux. L’objectif de cet article est de témoigner de l’élévation de la culture rap marocaine sur une grande scène, celle du Maroc et potentiellement celle de l’Europe ainsi que de la volonté sans faille des artistes marocains.


par Housni Ahamada 16 nov., 2021
 Dans la continuité de son programme Vision 2030, le Royaume d’Arabie Saoudite a, le 25 août 2021, annoncé le lancement d’une série de partenariats, d’une valeur de plus de 4 milliards de riyals saoudiens (900 millions d’euros), avec les plus grandes entreprises technologiques du monde. Selon Saudi Press Agency, les objectifs fixés par le royaume sont d’améliorer les capacités numériques, de se doter d’une main d'œuvre qualifiée en encourageant la recherche et le développement afin de faire du pays un hub mondial de l’innovation numérique.

Ce récent évènement montre l’ambition de l’Arabie Saoudite, mais plus généralement des pays arabes, dans la course mondiale à l’innovation technologique et plus particulièrement dans le secteur de l’intelligence artificielle. Machine learning, deep learning, voitures autonomes, reconnaissance faciale, villes intelligentes et même robots pour certains ; les grandes puissances de ce monde sont entrées dans une course à l’innovation dans l’intelligence artificielle, considérée comme la quatrième grande industrialisation. Bien que selon Neil Sauvage, du Nature 2020 Index Artificial Intelligence, la Chine, les Etats-Unis et l’Europe se partagent le podium des leaders mondiaux du domaine, les pays arabes ne veulent également pas non plus rater cette opportunité estimée selon la société d’audit PricewaterhouseCoopers, à 15 700 milliards de dollars de contribution à l’économie mondiale d’ici 2030 dont 320 milliards pour la région Middle East North Africa.

 Dans cette folle course à la nouvelle industrialisation, trois pays se distinguent dans le monde arabe par leur potentiel à s’imposer comme de futurs hubs de l’intelligence artificielle dans la région. Ce sont les Emirats arabes Unis, l’Arabie Saoudite ainsi que l’Egypte. En effet, selon les recherches du PwC, la part estimée de l’IA d’ici 2030 dans le PIB des Emirats Arabes Unis est estimée à 13,6%, presque autant que les économies d’Amérique du Nord dont la part d’ici 2030 est estimée à 14,5%, à 12,5% pour l’Arabie Saoudite et enfin à 7,7% pour l’Egypte. Toutefois, ces prévisions réjouissantes ne sont que des prévisions et il s’agit maintenant aux concernés de mettre en place tout ce qu’il y a en leur pouvoir pour les réaliser. Signe révélateur que le message a été reçu : les gouvernements saoudiens et émiratis ont placé l’IA au centre de leurs stratégies économiques avec, respectivement, le programme Vision 2030 pour l’un, et le programme Artificial Intelligence Strategy 2031 pour l’autre. Le gouvernement égyptien a également donné une priorité à l’IA dans sa stratégie économique en voulant la développer au maximum.

Mais quelles sont réellement les raisons qui poussent ces gouvernements à donner autant d’importance au développement de l’IA ? Quels sont les moyens mis en place ? Y a -t-il déjà des résultats ? Ont-ils vraiment les moyens de leurs ambitions ? Quels sont les obstacles ?

Il s’agira de montrer dans cet article comment l’IA placée par ces gouvernements ambitieux en tant que priorité nationale entraîne la mise en place de projets pharamineux, devant toutefois faire face à des obstacles politiques et technologiques.

L’ intelligence artificielle : une priorité de gouvernements ambitieux

Quelles sont les raisons poussant les gouvernements arabes à investir dans l’intelligence artificielle ?

Un « cadeau empoisonné » . Voilà comment maintes économistes décrivent la rente pétrolière et gazière sur lesquelles reposent les économies du Golfe et ce en raison de la volatilité des prix de ces énergies mais également en réponse au développement constant d’énergies alternatives prêtes à supplanter les gaz et le pétrole. Il est urgent pour l’Arabie saoudite ainsi que pour les EAU de préparer la diversification de leurs économies afin de préparer leur économie à une nouvelle ère. L’investissement dans la technologie de l’IA représente donc une voie logique à suivre en ce qu’elle représente une opportunité de plus de 320 milliards de dollars pour les 10 ans à venir. De l’autre côté, l’ Egypte possède une économie certes diversifiée, mais qui se doit de redécoller après les nombreuses crises politiques de cette dernière décennie ayant paralysées le développement économique du pays. L’IA représente une voie privilégiée par son potentiel: d’ici dix ans, elle est susceptible de rapporter près de 43 milliards de dollars pour le pays.

Comment investissent-ils dans l’intelligence artificielle ? Quels sont les moyens mis en place ?

 De ces constats, les gouvernements ont fait du développement de toutes les technologies liées à l’IA des priorités nationales.

 Ainsi, en Arabie Saoudite, la stratégie gouvernementale pour l’IA se fonde principalement sur le projet Vision 2030 de diversification de l’économie. À celui-ci, s’ajoute un programme du nom de National Strategy for Data and AI (NSDAI) révélé en octobre 2020 à Riyadh lors du sommet Global de l’IA. L’objectif affiché par Riyad est de transformer pour 2030 le pays en hub mondial de l’intelligence artificielle en réformant totalement tous ses secteurs économiques afin de devenir “IA compatible”. Cette initiative gouvernementale s’accompagne donc de nombreux investissements du Fond Public Saoudien d’Investissement dans les industries, les secteurs privés et dans la mise en place de partenariats publics-privés en vue de développer l’intelligence artificielle. Cette année par exemple, le pays a formé des partenariats avec Google, Amazon et Oracle dans le but de, selon Saudi Press Agency, mettre en place des “programmes de formation" pour les étudiants saoudiens. L’objectif est ambitieux et les moyens de cette stratégie gouvernementale sont colossaux.

 Lors du sommet global saoudien de l’intelligence artificielle, le Président saoudien de l’Autorité des données et de l’intelligence artificielle a déclaré : « La stratégie nationale pour les données et l'IA définit l'orientation et les bases sur lesquelles nous allons libérer le potentiel des données et de l'IA pour répondre à nos priorités de transformation nationales et faire de l'Arabie saoudite une plaque tournante mondiale pour les données et l'IA. »
Quant aux Emirats Arabes Unis, la stratégie gouvernementale pour l’IA repose sur le programme Artificial Intelligence Strategy 2031 révélée en 2017. Le but affiché est d’accompagner la transformation digitale du pays pour faire des EAU un hub mondial de l'investissement dans l’intelligence artificielle dans de nombreux secteurs d’une manière “intelligente” et “éthique” en créant un système numérique intelligent pour le centenaire du pays en 2071. De ce fait, le pays a été le premier dans le monde à mettre en place, en 2017, un ministère consacré spécialement à l'IA aux côtés de la création de la Muhammad Ben Zayed University of Artificial Intelligence afin de répondre aux ambitions affichées.
Enfin, en Egypte, le gouvernement a, en 2019, instauré le Conseil National pour l’Intelligence Artificielle dans une logique de partenariats public-privé entre le gouvernement, les universités et les secteurs privés de l’IA. L’université Kafr El Sheikh a ouvert une faculté de l’IA sous l’impulsion gouvernementale. L’objectif affiché par le Ministère des Technologies de l'Information et de la Communication est d’identifier par la recherche les secteurs prioritaires nécessitant l’IA afin de mettre en place un système de l’IA “durable” et “intelligent” dans l'optique de donner au pays un rôle de “leader régional de l’IA”.
par Jean-Baptiste Dubois 24 mai, 2021
Le monde arabe est loin d’être un élément figé aussi bien physiquement qu’idéologiquement. Dans une société caractérisée par des mouvements incessants de flux et d’échanges, s’intéresser à la diffusion de dogmes trouve toute sa pertinence pour mieux saisir les enjeux qui façonnent cette partie du globe. C’est dans cette logique que l’association Assas Monde Arabe se penche sur la question du terrorisme islamique au Mozambique.
par Seki Courcoux 11 mai, 2021
Les membres d'Assas Monde Arabe se présentent à vous, à-travers les ouvrages sur le Monde Arabe qui les ont marqués.
par Killian Cochet 23 avr., 2021

En 2005, pour le 60e anniversaire de l’ONU, l’Assemblée Générale des Nations Unies a écrit une page déterminante de l’histoire du droit international. Par un vote unanime, les Etats membres ont adopté dans l’acte final du Sommet mondial un concept promu depuis des années par des juristes et des acteurs humanitaires internationaux : la responsabilité de protéger (souvent abrégée en R2P pour Responsability to Protect). Cette responsabilité impose aux États et, le cas échéant, à la communauté internationale, de protéger les populations contre les crimes graves qui peuvent être commis à leur encontre.


La responsabilité de protéger a marqué une évolution décisive dans la conception juridique des relations internationales. L’espace supranational est régi depuis près de quatre siècles par le “système westphalien”, tiré du Traité de Westphalie de 1648 qui conclut la Guerre de Trente Ans. Ce système est caractérisé par une double définition de la souveraineté des Etats : une souveraineté externe qui s’exprime par une égalité de droit entre les Etats et une souveraineté interne qui confère à chaque Etat une autorité exclusive sur sa population et son territoire. Ce système a connu un important développement au XXe siècle, particulièrement concernant la souveraineté externe. De l’Entre-Deux-Guerres à l’issue de la Deuxième Guerre Mondiale, divers acteurs ont tenté de donner sa pleine puissance au concept de souveraineté externe en mettant “la guerre hors-la-loi” (Expression du ministre des Affaires Etrangères français, Aristide Briand, lors de sa présentation du pacte Kellog-Briand à l’Assemblée Nationale le 1er mars 2029), que ce soit par le Pacte Kellog-Briand ou par la Charte des Nations Unis. En revanche, le volet interne de la souveraineté demeurait l’angle mort du développement sécuritaire des Nations Unies. A l’exception de la Convention pour la Prévention et la Répression du Crime de Génocide de 1948, peu de règles internationales régissaient les rapports entre un Etat et ses populations.


Néanmoins, à la sortie de la Guerre Froide, les conflits intra-étatiques et la protection des droits humains sont redevenus un enjeu majeur du droit international. Les années 1990 sont marquées par deux crises humanitaires que sont la guerre civile de Yougoslavie (1991-2001) et la guerre civile Rwandaise (1990-1994) qui prit un tournant génocidaire dans sa dernière année avec le massacre de près de 800 000 Tutsis et Hutus accusés de sympathiser avec l’ethnie massacrée (Rapport de l’ONU sur le génocide au Rwanda, 1999 : “Quelque 800 000 personnes ont été massacrées lors du génocide de 1994 au Rwanda”). Dans ce contexte de conflits internes, qu’ils soient hérités de la Décolonisation et de la Guerre Froide ou qu’ils s’agissent des “Nouvelles Guerres” caractéristiques de l’espace international post-Guerre Froide (KALDOR, Mary, New and Old Wars : Organized Violence in a Global Era, 2012), des acteurs politiques et humanitaires internationaux ont promu une évolution du droit pour prévenir de futurs excès de violence d’une telle ampleur.

Dès 1987, un colloque international organisé par la faculté de droit de Paris-Sud fait adopter à l’unanimité une résolution affirmant que “devraient être reconnus [...] par tous les Etats membres de la communauté internationale, à la fois le droit des victimes à l’assistance humanitaire et l’obligation des Etats d’y apporter leur contribution”. Cette résolution, qui sera portée plus tard devant les Nations Unies par la France, a notamment obtenu le soutien du juriste international de renom Mario Bettati et du fondateur de Médecins Sans Frontières Bernard Kouchner. Tandis que cette idée de “droit d’ingérence humanitaire” se répandait, deux discours allaient accélérer le passage au droit positif d’un concept de protection internationale des populations dans un cadre étatique.

Le premier fut donné par le Président de l’Afrique du Sud, Nelson Mandela, au Sommet des Chefs d’Etat et de Gouvernement de l’Organisation de l’Unité Africaine à Ouagadougou, Burkina-Faso, en 1998. Nelson Mandela argumentait dans ce discours que le continent africain, partageant la marque du colonialisme et le néo-colonialisme, formait une communauté de destin et devait, en tant que tel, assurer communément la paix et la stabilité en son sein. Nelson Mandela, insistant sur la gestion commune de la sécurité qu’il promouvait pour le continent africain, affirmait qu’il était inacceptable “d’abuser du concept de souveraineté nationale pour nier au reste du continent le droit et le devoir d’intervenir, quand, au sein de cette souveraineté, le peuple est massacré pour protéger la tyrannie”.

Le second discours est celui du Secrétaire général des Nations Unies, Kofi Annan, devant l’Assemblée Générale des Nations Unies en 2000 alors que le débat autour de l’intervention humanitaire divise la communauté internationale. A cette occasion, il déclara “s’il l’intervention humanitaire constitue effectivement une atteinte inadmissible à la souveraineté, comment devons-nous réagir face à des situations comme celles dont nous avons été témoins au Rwanda ou à Srebrenica, devant des violations flagrantes, massives et systématiques des droits de l’homme, qui vont à l’encontre de tous les principes sur lesquels est fondée notre condition d’être humain ?”. Ce discours marqua le début du processus de formalisation de la responsabilité de protéger et son intégration finale au droit international promu par les Nations Unies.

par Seki Courcoux 06 avr., 2021

« A Bâle j’ai fondé l’Etat juif », écrit Theodor Herzl écrit dans son journal, en septembre 1897. Ces mots sont ceux du journaliste juif autrichien qui a fondé l’Organisation Sioniste Mondiale (O.S.M.). Cette organisation à but non-lucratif, dont le siège social se trouve aujourd’hui à Jérusalem, en Israël, a été pendant un demi-siècle le fer de lance du mouvement sioniste.

Au sens moderne du terme, le sionisme renvoie à l’idée d’un retour du peuple juif vers la Terre Promise, et son établissement au-travers d’un Etat souverain. La ‘aliyah, la montée vers la terre biblique d’Israël, est un objectif qui a toujours existé, mais qui est longtemps resté propre à des franges restreintes : rabbins, universitaires, intellectuels religieux… Le mouvement sioniste, lui, s’est propagé au sein de populations très majoritairement européennes à partir du XIXe siècle, notamment parmi les élites intellectuelles et laïques de la communauté juive d’Europe centrale et de l’Est. Les pogroms, expulsions, pamphlets et autres exactions anti-Juifs - encore légion dans certaines régions alors que l’Europe était supposée avoir embrassé les Lumières et la modernité - ont motivé de nombreux Juifs européens à revendiquer leur droit de résidence, voire de souveraineté sur une terre sur laquelle ils ne seraient jamais l’Autre, l’Etranger : celle que Dieu leur a promise, correspondant à la région historique de la Palestine, alors sous domination ottomane.

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